Le Raid Energie Morbihan (Raid multisports)

06 et 07/06/1998

Amis vététistes, laissez-moi vous raconter comment, durant ce week-end de Juin 98, un certain Alain P. (nous conserverons son anonymat de manière compréhensible) a enfin atteint sa limite de résistance physique.

Nous verrons aussi à quelle vitesse on peut aller en VTT quand on est pressé d’aller se coucher vers les 6 h du matin et combien il peut être pénible de descendre un simple escalier.

Nous découvrirons aussi quelle conception à Pierre D. des montées en VTT et que l’infatigable Michel S. dans certaines conditions préfère finalement la marche à la course.

Bref, je pense que vous comprendrez au terme de ce récit épique que le Morbihan est une belle région mais qu’il y a sûrement des manières plus tranquilles de la visiter.

Le 05/06/98: Le paradis avant l'enfer.

Tout a donc commencé le Vendredi 5 Juin vers 14 h. Pierre, qui avait récupéré tous les vélos la veille, a pris le temps de bien les charger dans sa remorque.

Alain P., Alain R . et Christophe C. sont là et formeront le team Camemberts. Pierre D., Benoit C. et Michel S. formeront quant à eux le team Calvas. Après plusieurs entraînements par tous les temps en course à pied, en kayak sur la Seine et en rappel à Orival, les Normands sont fins prêts à envahir la Bretagne !

Au terme de 5 h de route avec la 405 de Michel et la Fiat déglinguée (pas d’aération et vitre baladeuse) de Pierre, nous arrivons au local de la Poste où nous déposons les vélos, prêts à être enfourchés le lendemain.

Nous nous installons dans le centre de vacances de Baden où 2 grandes tentes de 4 places très bien équipées -lits, réfrigérateur, sol en dur, table et chaise, électricité- nous attendent. Nous allons ensuite prendre notre pique-nique en bord de mer après avoir cherché, en vain, à acheter du pain pour un certain Alain R. (anonymat toujours) qui semble y tenir pour pousser ses raviolis. Un petit Muscat en apéritif puis une mousse en digestif et nous voilà parés pour une bonne nuit de sommeil.

Le 06/06/98: Une matinée tranquille. Une après midi qui l’est un peu moins.

Les Camemberts, pressés d'en découdre, réveillent tout le monde à 7h. Après le petit déjeuner, et le briefing, nous prenons des bus pour rejoindre Vannes, départ vers l’inconnu. Nous sommes 80 équipes de 3 personnes à attendre le départ prévu à 12 h. Alain P. se fait filmer en plein effort (allongé les yeux fermés) à quelques minutes du départ. Premier ratage de l’organisation : il n’y a qu’une carte de cette première épreuve de 15 km à pied en orientation pour 2 ou 3 équipes. Nous faisons donc l’épreuve ensemble avec l’équipe de Hervé C. et Yvon C. . L’orientation nous déboussole un peu et perdrons du temps dans la recherche d’un point de contrôle.

Nous arrivons aux vélos après 2 h de course à la limite du temps imparti. Ce retard sera vite récupéré sur le circuit de 42 km en VTT. Nos 2 équipes font chacune la course de leur coté sur ce parcours tracé sur carte avec parfois confirmation de direction par rubalise.

Seul Pierre se plaindra d'un dénivelé pourtant pour le moins insignifiant. Par contre, nous avons tous "appréciés" ces nombreux goulets, boueux à souhait. A croire que le paysan du coin avait pour consigne de bien les arroser de lisier de porcs avant notre passage. Des portions de chemin défoncées nous font penser à la Roumoise.

Au cours du circuit, un premier atelier surprise nous attend sur un pratice de golf. Objectif : Gagner un 1/4 d'heure par balle envoyée à 45 m dans un cercle en sable. Michel et Christophe y arrivent. A l'arrivée à l'école de Bono, les Calvas arrivent 12ème à 5 mn des Camemberts qui s'étaient quelque peu égarés.

Il fait chaud, nous sommes sales et Pierre rêve de se baigner dans l'eau toute proche. Il va être servi car sous le vieux pont un rappel de 15 m est installé au-dessus de l'eau. Alain R. s'y colle aussi sous le regard de nombreux spectateurs et spectatrices venues se rincer l’oeil.

Un peu plus loin, un autre rappel nous attend sur le nouveau pont. Il est plus haut (30 m) mais donne sur la berge. L'autre Alain le fait suivi de Benoit qui a tiré son tour à la courte paille avec Michel, les deux voulant le faire. Ensuite marche non chronométrée de 8 km pour rejoindre le départ des kayaks. La fatigue commence à se ressentir. Le parcours est réduit car le vent commence à se lever.

Le départ est un beau bordel. Il y a des kayaks dans tous les sens et la mise à l'eau n'est pas évidente. Nous descendons ce bras de mer sur environ 7 km. L'épreuve est écourtée car il se fait tard et qu'il commence à pleuvoir. Les premiers rejoignent Locquemarier en bateau à moteur sous une forte pluie tandis que les autres attendent des bus dépêchés en urgence.

Nous arrivons dans une salle commune trop petite pour accueillir tout le monde. Plusieurs services seront donc fait pour un repas pas génial: pâté, pâtes, jambon, orange et 4/quarts. La fatigue est là mais l'ambiance est chaude. Nous devons attendre dehors le départ de l'épreuve de nuit qui partira à 23h30. Certains habitués de ce raid ont une assistance qui les suit avec leur ravitaillement et leurs vêtements de rechange Les rumeurs vont bon train quant à la distance : 5, 10 ou 20 km. Finalement ce sera plus de 30 km. Nous passerons toute la nuit à rejoindre le lieu où nous avions déposé les vélos. On comprend pourquoi il n'était pas nécessaire de porter le sac de couchage !

Le 07/06/98: Souffrances nocturnes et fest-noz:

Le redémarrage en course est très dur. Genoux douloureux, crampes et ampoules font leurs apparitions. Néanmoins, le début est superbe. L'alignement de tous ces coureurs portant des brassards réfléchissant dans la nuit le long de cette plage est féerique. Mais notre égarement par la suite et Pierre qui ne peut plus courir nous ramène vite à notre triste sort. Pierre restera au prochain poste de contrôle suivi quelques kilomètres plus loin par Alain R. . Les survivants en ont marre mais continueront jusqu'au bout. Seul un arrêt en face de la Trinité sur Mer pour déguster une bonne crêpe bretonne au ravitaillement et la traversée du joli village médiéval d'Aurray nous regonflera un peu le moral. Cela fait déjà bien longtemps que nous ne courrons plus lorsque nous arrivons à Bono vers 5h45. Les meilleurs auront mis plus de 4 h tout de même pour faire le parcours. Nous montons et descendons les marches d'escalier comme des petits vieux de 90 balais. Pitoyable !!

Petit déjeuner entre zombies avant de reprendre les vélos pour 8 km de route jusqu'au campement. Nous retrouvons des forces pour pédaler à plus de 30 à l'heure vers le repos salvateur. Notre choix est fait, nous abandonnons le raid ici, trop écoeurés par cette trop longue et trop douloureuse nuit.

Pourtant cette dernière étape n'aurait été qu'une formalité : 2 km à faire et une mise à l'eau jusqu'au torse. Nous qui nous attendions à 10 km si nous l’avions su nous aurions peut être fait un ultime effort. Mais nos lits étaient trop confortables et notre épuisement trop grand pour oser se lever 2 h plus tard. Comme dit Pierrot, si nos ampoules étaient électriques, elles suffiraient à éclairer les tentes.

Nous consacrons la fin de matinée au rangement des affaires et des tentes. Le tirage au sort des lots donne à chacun au moins un beau tee-shirt et une boite de biscuit.

Après un kir et l'achat de quelques photos souvenirs arrive le moment tant attendu du repas de clôture sous une grande tente. Repas de qualité avec entrée, cochon entier rôti, pommes de terre, fromage, pomme et far breton, le tout accompagné de vin blanc et de rouge à volonté. L'ambiance est assurée par un groupe de musique bretonne mais surtout par l'ensemble des concurrents ayant encore beaucoup de pêche pour faire la fête. Nous échappons aux 3 VTT tirés au sort ainsi qu'au kayak de vague. Les résultats donneront 2 premiers ex-equo en 8h 09. Le fait d’avoir eu un abandon dans chaque équipe donnera les Calvas 49 ème en 11h57 suivi des Camemberts, 51 ème en 12h. Sans cela, en temps cumulé, nous aurions été 16 ème et 18 ème. Seul l'épreuve de VTT aura fait cet écart de 3mm entre les 2 équipes. Nous avons été solidaires sur toutes ces p...... d'épreuves de courses à pied. Benoit et Alain R. ont juré de ne plus faire de course à pied (le podomètre gagné par Alain serait-il à vendre ?). Maintenant que la preuve est faite qu'Alain P. et Michel ont bien eux aussi des limites à leur résistance, nous pouvons revenir à nos classiques et si tranquilles sorties du Samedi.

Fin d'une belle bavante mais nous sommes fiers de l'avoir fait et d'être tous allés au bout de nous même.